Thursday, November 8, 2012

La myopathie atypique en Europe


Cet article concerne l'avancée des recherches et les mesures de prévention à prendre en automne et au printemps pour prévenir les cas de myopathie atypique. Nous vous invitons à diffuser le plus largement les différents liens ci-dessous à vos amis propriétaires, afin qu'ils connaissent les différents signes à observer ainsi que les conduites à tenir dans l'hypothèse où un cas se présenterait et qu'ils n'hésitent pas à renseigner les différents formulaires (avec leur vétérinaire) pour faire avancer la recherche.

Bien que nous ne soyons, pour l'heure, pas d'accord avec certaines des solutions de prévention proposées (voir ici: Myopathie atypique ou une conséquence de nutrition insuffisante des chevaux affectés ? ) nous sommes en revanche favorables au recueil d'un maximum de cas pour qu'une recherche efficace puisse se poursuivre.

 Depuis l’apparition des premiers cas belges à l’automne 2000 [1], la Faculté de Médecine vétérinaire de Liège (FMV-ULg) travaille sur la problématique de la myopathie atypique.  La caractérisation clinique, anatomopathologique et épidémiologique de la maladie a été les premiers axes de travail [1-3].  En 2004, la FMV-ULg a initié un réseau de surveillance de la myopathie atypique appelé AMAG (pour « Atypical Myopathy Alert Group », en anglais ;  www.myopathieatypique.fr/en/) et géré par le Dr D. Votion.  Ce réseau a pour objectif de mettre en relation les scientifiques travaillant sur cette maladie d’origine environnementale qui tue 75% des chevaux endéans les 72 heures ainsi que d’informer le secteur équin de l’émergence des cas afin que les propriétaires de chevaux prennent les mesures de prévention adaptées lors des séries cliniques qui se déclarent à l’automne et au printemps.  Plus d’une quinzaine de pays européens collaborent aujourd’hui à ce réseau.  Récemment, un groupe de recherche des Etats-Unis s’est associé au réseau et a bénéficié des sérums collectés sur les nombreux cas européens (plus de 1000 cas ont été recensés depuis l’automne 2006 par le réseau AMAG).  En Belgique, les principaux partenaires sont la clinique équine de la Faculté de Médecine vétérinaire de Liège (FMV-ULg), le Centre de l’Oxygène, Recherche et Développement (ULg), le Centre Européen du Cheval de Mont-le-Soie (ULg), le Département de Morphologie et Pathologie (FMV-ULg), le laboratoire de biochimie génétique (ULg), le laboratoire de Chimie pharmaceutique (ULg) et la Faculté de Médecine vétérinaire de Gand.  Sans nul doute, les praticiens vétérinaires sont la clé de voûte de ce réseau et c’est grâce à eux que de grandes avancées ont été possibles dans la prévention, la gestion et le traitement des cas [4-8].

A partir des données épidémiologiques collectées en Europe [5-6] et grâce à l’élucidation du mécanisme physiopathologique [9], à partir notamment d’échantillons collectés grâce au réseau, l’hypothèse d’une toxine d’origine environnementale altérant le métabolisme énergétique a pu être émise.  Récemment, des scientifiques américains [10] (voir: http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/j.2042-3306.2012.00684.x/pdf) ont montré que la myopathie saisonnière qui affecte les chevaux au pâturage aux États-Unis (et qui présente de nombreuses similitude avec la myopathie atypique du cheval au pré rencontrée en Europe) est causée par une toxine (l’hypoglycine A) présente dans les graines de l’érable  négundo (Acer negundo). Une fois ingérée, l’hypoglycine A est métabolisée en un composé toxique (i.e., le MCPA) qui perturbe le métabolisme énergétique conduisant aux désordres biochimiques observés à la fois dans la myopathie saisonnière qui affecte les chevaux aux États-Unis  et dans la myopathie atypique.
L’hypoglycine A peut être contenue dans les graines de plusieurs arbres du genre Acer(i.e. « les érables ») et pourrait donc être aussi la cause de la myopathie atypique en Europe. Dans le passé, les recensements botaniques effectués sur les prairies des cas belges ont signalé systématiquement la présence d'Acer pseudoplatanus (Acer; Aceraceae) dans le voisinage des chevaux [11].  D’autre part, la contribution des arbres (en général) dans la pathogenèse de la maladie a été suggérée dans la dernière étude épidémiologique où ceux-ci étaient présents dans 98% des pâturages des 354 cas européens [5].
Concernant la cause de la myopathie atypique en Europe, des sérums de cas européens sont actuellement analysés en collaboration avec l'Université du Minnesota afin de mettre en évidence le métabolite toxique. Nous devrions savoir rapidement si la myopathie atypique est induite par la même toxine que celle identifiée aux États-Unis. D’ici là, il est recommandé de se référer aux outils diagnostiques, pronostiques et aux mesures préventives décrites dans les récentes études de cas européens [5-6].
Nous tenons à insister sur l'importance de continuer à recenser les cas de myopathie atypique via le réseau AMAG (www.myopathieatypique.fr/en/). Ce système de surveillance, à l’échelle européenne, permet aux équipes scientifiques qui travaillent ensemble sur cette maladie de savoir  et quand se produisent les cas de sorte que les données de ces cas et les échantillons nécessaires à la recherche peuvent être collectés.
Jusqu'à présent (à la date du 25 Octobre), nous ne sommes pas face à une épidémie (quelques cas anecdotiques ont été rapportés), mais comme vous le savez cela peut changer dans les prochains jours ou semaines.
La recherche se poursuit car de nombreuses questions restent posées :
- Pourquoi la maladie est-elle émergente alors qu'elle serait due à une plante indigène?
- Les érables seraient-ils les seuls arbres à causer la maladie?
- Comment prévenir et traiter efficacement la maladie?
- ... Et bien d'autres.
Nous vous remercions d’avance pour votre aide dans les recherches en cours.
References:
1. Delguste et al., 2002. Myopathies atypiques chez les chevaux au pré: une série de cas en Belgique. Annales de Médecine Vétérinaire 2002; 146:231-243.
2. Cassart et al., 2007. Morphological alterations in oxidative muscles and mitochondrial structure associated with Equine Atypical Myopathy.  Equine Veterinary Journal; http://hdl.handle.net/2268/2377
3. Votion et al., 2003. Diagnostic différentiel en cas de présomption de myopathie atypique des équidés : illustration au travers de cas référés à la Faculté de Médecine Vétérinaire de l’Université de Liège au cours du printemps 2003. Annales de Médecine Vétérinaire. http://hdl.handle.net/2268/62318
4. Votion et al., 2009.  Atypical myopathy in grazing horses: A first exploratory data analysis.  The Veterinary Journal. http://hdl.handle.net/2268/10009
5. van Galen et al., 2012a. European outbreaks of atypical myopathy in grazing equids (2006-2009) Part I: Spatiotemporal distribution, history and clinical features. Equine Veterinary Journal; DOI: 10.1111/j.2042-3306.2012.00556.x.http://orbi.ulg.ac.be/handle/2268/115748
6. van Galen et al., 2012b. European outbreaks of atypical myopathy in grazing equids (2006-2009) Part II: Determination of indicators for risk and prognostic factors.http://hdl.handle.net/2268/114433
7. van Galen & Votion, 2012a. Management of cases suffering from atypical myopathy:Interpretations of descriptive, epidemiological and pathophysiological findings. Part 1: First aid, cardiovascular, nutritional and digestive care.http://hdl.handle.net/2268/128066
8. Van Galen & Votion 2012b.  Management of cases suffering from atypical myopathy:Interpretations of descriptive, epidemiological and pathophysiological findings. Part 2: Muscular, urinary, respiratory and hepatic care, and inflammatory/infectious status. http://hdl.handle.net/2268/128067
9. Westermann et al., 2008. Acquired multiple Acyl-CoA dehydrogenase deficiency in 10 horses with atypical myopathy. Neuromuscular Disorders.http://hdl.handle.net/2268/4440
10. Valberg et al., 2012. Seasonal Pasture Myopathy/atypical myopathy in North America associated with ingestion of Hypoglycin A within seeds of the box elder tree. Equine Veterinary Journal;
11. Votion et al., 2007. History and clinical features of atypical myopathy in horses in Belgium (2000-2005). Journal of veterinary internal Medicine.http://hdl.handle.net/2268/7594
Toutes les publications scientifiques relatives à la myopathie atypique des chercheurs de l'Université de Liège sont disponibles en ligne via le site institutionnel (http://orbi.ulg.ac.be/) ou directement via le lien http://orbi.ulg.ac.be/simple-search?query=atypical+myopathy.
Contact:
Dominique Votion, PhD, DM"Groupe d'Alerte de la Myopathie Atypique; GAMA"
NOUVEAU N° POUR LES URGENCES MYOPATHIES ATYPIQUES: 0497/ 707 887
Enregistrez-vous pour recevoir les messages d’alerte sur : www.myopathieatypique.com
Clinique équine de la Faculté de Médecine vétérinaire, Université de Liège
Bd de Colonster, 20  Bât B41
4000  Liège (Sart Tilman)
Tél: 00 32(0)4/366.41.03 (Liège)

Sunday, November 4, 2012

Quel "style de coupe" votre cheval préfère t'il?

Par Natalija Aleksandrova


Avez-vous pensé au fait que la queue du cheval, sa crinière et son toupet ne sont pas là uniquement pour le plaisir des yeux? Que lorsque nous coupons, raccourcissant ou supprimant complètement la crinière et le toupet de nos chevaux, pour des questions d'esthétique, nous supprimons certaines de leurs défenses naturelles?

La crinière est un facteur important du mécanisme de thermorégulation du cheval dans les périodes froides  de l'année. Les chevaux ont une pousse de crinière épaisse avant l'hiver, et elle désépaissit avant l'été, tout comme ils perdent leur poil avant l'été. Nous pouvons observer des crinières naturellement plus épaisses et des toupets plus longs chez les chevaux de races autochtones du nord. Nous pouvons aussi observer des crinières plus épaisses  chez les poneys en raison du particularisme du mécanisme de thermorégulation
http://academialibertifrance.blogspot.fr/2012/02/thermoregulation-chez-les-chevaux-par_26.html ils ont besoin d'une couche plus épaisse de crins afin de maintenir la température interne du corps dans une plage appropriée. Chez les chevaux en croissance, ou ayant des muscles atrophiés de l'encolure, indiquant des problèmes de circulation sanguine à cet endroit, ou avec des muscles de l'encolure chroniquement tendus, la crinière est particulièrement importante dans le maintien  au chaud de l'encolure l'hiver.

En été, les  longues queues et crinières deviennent des instruments importants dans la défense contre les insectes. Le toupet est extrêmement important l'été, car il protège également les yeux de l'animal contre l'infection et la présence douloureuse des mouches, les particules de poussière, l'humidité et les spores. Plus la queue est longue, plus elle est efficace dans la protection contre les insectes - les zones du corps qu'elle peut atteindre étant plus grande, particulièrement important, elle peut atteindre le ventre et le fourreau, qui sont un lieu particulièrement prisé par les insectes.

Le vent, les pluies d'été et les jours d'hiver neigeux, quand les chevaux prennent la position typique de protection debout, dos au vent et les têtes basses, leurs crinières et leurs fanons protègent efficacement leurs encolures, leurs têtes, leurs oreilles, les boulets et les yeux de l'eau, de la neige et du vent. La longue crinière et les fanons s'écrasant sous la neige fondue et l'eau constituent une protection pour la peau et les yeux. Différentes longueurs de crins, plus longues au centre de l'encolure ont également leur rôle, faire une meilleure couche protectrice contre l'eau qui ruisselle. Tandis que la queue sert à protéger extrémité arrière- les poils plus courts à l'extrémité de la croupe servent à rejeter l'eau la neige et le vent afin de garder le ventre et le fourreau au chaud et au sec.

Il n'est pas naturel pour le cheval d'avoir la crinière qui ne tombe que d'un seul côté de l'encolure. Chez les chevaux sauvages et chez les chevaux domestiques en bonne santé, on peut habituellement voir la crinière tomber complètement ou en partie sur les deux côtés, ou changer à tout instant de côté. Ce n'est pas seulement bénéfique pour des raisons de protection, cela montre aussi que les muscles de l'encolure sont développées régulièrement.Chez de nombreux chevaux domestiques, la crinière repose parfaitement sur un côté de l'encolure. Ce n'est pas seulement le résultat de l'esthétique imposée par l'homme, mais c'est aussi un signe d' un développement musculaire asymétrique dû à l'utilisation asymétrique de ces animaux, lorsque leur asymétrie naturelle se transforme et s'amplifie contre nature.

Les étalons ont généralement une crinière naturellement plus épaisse. Lorsqu'ils se battent ils se mordent mutuellement et la crinière agit comme une sorte d'armure.

Les chevaux sauvages et domestiques ont développé des manières propre à leur espèce pour prendre eux-mêmes un soin parfait de leurs crinières, de leurs toupets, de leurs queues et de leurs fanons. Ils peuvent se frotter contre les arbres ou les clôtures, ou se panser mutuellement les crinières quand ils sentent qu'il est temps de "retoucher" leurs "coupe de cheveux". Les chevaux savent sûrement mieux que nous quelle est la coupe qui leur convient le mieux.
















Photos: Berenika Bratny, Zbigniew Wroblewski